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Les 6 raisons qui font de Toulouse la capitale de l’aéronautique et du spatial

Photo de nuit depuis le cockpit d'un avion de ligne Airbus A320 aligné en finale sur la piste de l'aéroport Toulouse Blagnac

✈️ Aligné en finale sur la piste 32R de l’aéroport Toulouse Blagnac.

Quelles sont les 6 raisons qui font de Toulouse la capitale française et européenne de l’aéronautique et du spatial ?

Temps de lecture : environ 14 minutes.

Introduction

Au cœur de l’Occitanie, sur les rives de la Garonne, la ville rose est bien plus qu’une simple cité du sud de la France. C’est un haut lieu d’innovation et de progrès, reconnu dans le monde entier. 

Depuis la fin du XIXe siècle, Toulouse s’impose comme la capitale française et européenne de l’aéronautique et du spatial. Découvrons les six raisons qui font de cette métropole le pôle de référence du secteur aérospatial.

I- Clément Ader : un ingénieur toulousain visionnaire

Nous commençons notre voyage en 1890. Clément Ader, ingénieur visionnaire né à Muret, à côté de Toulouse, surprend le monde entier en réalisant le premier décollage d’un engin motorisé plus lourd que l’air : l’Eole.

Portrait Clement Ader
Portrait Clément Ader

1. Premier vol de l’Eole

Ader réussit à faire décoller l’Éole pour la première fois le 9 octobre 1890, dans le parc du château de Gretz-Armainvilliers, au sud-est de Paris.

Bien que le vol ne dure que quelques secondes et n’atteigne qu’une hauteur de 20 cm, cet événement marque un tournant dans l’histoire de l’aéronautique : c’est la première fois qu’un engin motorisé plus lourd que l’air décolle du sol.

Eole de Clement Ader - couverture La Science française - 1891
Eole de Clement Ader – couverture La Science française – 1891

Inspiré par la forme d’une chauve-souris, l’Eole est équipée d’un moteur à vapeur de 20 ch. Ce prototype présente une conception de voilure complexe, offrant une variabilité de surface, un pivot des ailes, un ajustement de la courbure, et une flexion des bouts d’aile. 

Schemas Eole Clement Ader
Schémas Eole – Clément Ader

2. Développement du Zéphyr et de l’Aquilon

Impressionnée par ce succès, l’Armée française commande à Ader un appareil plus puissant suite à une deuxième démonstration en septembre 1891. Grâce au financement militaire, Clément Ader développe deux modèles plus avancés, l’Avion II (Zéphyr) et l’Avion III (Aquilon).

Avion III Aquilon - Clement Ader - Licence Creative Commons
L’Avion III (Aquilon) de Clement Ader. Creative Commons

Bien que les avancées de Clément Ader aient été parfois contestées, son audace et sa détermination ont grandement contribué à l’essor de l’aéronautique en France et dans le monde. 

L’héritage de Clément Ader trouvera écho chez d’autres ingénieurs et industriels français, comme Pierre-Georges Latécoère qui sera le pionnier de l’industrie aéronautique à Toulouse.

II- Pierre-Georges Latécoère et ses lignes aériennes

Une vingtaine d’années plus tard, Pierre-Georges Latécoère, entrepreneur et industriel français, est à l’origine d’un des plus grands exploits de l’aviation : la création de lignes aériennes commerciales reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Portrait Pierre Georges Latecoere
Portrait Pierre-Georges Latécoère

1. Participation à l’effort de guerre

Durant la Première Guerre mondiale, Pierre-Georges Latécoère – pourtant réformé à cause de sa vue déficiente – s’engage volontairement comme artilleur pendant quatre mois.

Finalement rendu à la vie civile en raison de son statut de chef d’entreprise, il participe à l’effort de guerre en investissant dans deux usines à Toulouse à partir de 1916, dont une pour la fabrication d’obus et l’autre pour la production de cellules d’avion. En 1918, son usine livre près de 800 avions à l’armée française, avec une cadence de production atteignant six appareils par jour dès le 5 mai 1918.

Après avoir grandement contribué à l’effort de guerre grâce à son industrie florissante, Latécoère se tourne vers une nouvelle aventure aéronautique : la création de lignes aériennes postales.

2. Lignes aériennes Latécoère

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Latécoère imagine une ligne aérienne postale reliant la France au Sénégal en passant par l’Espagne et le Maroc. 

“J’ai refait tous mes calculs, notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu’une chose à faire : la réaliser”.

Pierre-Georges Latécoère

Inauguration de la ligne Toulouse-Barcelone

Le 25 décembre 1918, Pierre-Georges Latécoère, à bord d’un Salmson 2 piloté par René Cornemont, inaugure la ligne aérienne entre Toulouse et Barcelone, au départ du site de Montaudran à Toulouse.

Aerodrome Toulouse Montaudran 1921 - Archives Municipales Toulouse
Aerodrome Toulouse Montaudran en 1921 – Archives Municipales Toulouse
Salmson 2 sur le terrain de Montaudran - 1918 - Archives municipales de Toulouse
Salmson 2 sur le terrain de Montaudran en 1918 – Archives municipales Toulouse

Extension vers Casablanca

En 1919, Latécoère fonde les Lignes Aériennes Latécoère, envisageant de créer une liaison aérienne entre Toulouse et Casablanca. Malgré l’opposition du gouvernement espagnol, il concrétise ce projet la même année.

Carte ligne aerienne Latecoere Toulouse-Casablanca - par Ernest Archdeacon
Carte ligne aerienne Latecoere Toulouse-Casablanca – par Ernest Archdeacon

Extension vers Dakar

En 1924, la ligne est étendue jusqu’à Dakar, malgré les difficultés posées par les tribus locales. Sous la direction de Didier Daurat, des pilotes légendaires comme Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaumet et Marcel Reine débutent leur carrière dans l’aviation commerciale chez Latécoère.

Les lignes Latécoère deviennent l’Aeropostale

En 1927, confronté à des problèmes financiers, Pierre-Georges Latécoère est contraint de vendre son entreprise à Marcel Bouilloux-Lafont, un entrepreneur franco-brésilien. C’est à ce moment-là que les lignes Latécoère deviennent officiellement « l’Aeropostale ».

Late 25 Aeropostale 1929
Late 25 Aeropostale en 1929
Aeropostale Poster - San Diego Air and Space Museum
Poster Aeropostale – San Diego Air and Space Museum

Extension vers l’Amérique du Sud

En mai 1930, la première traversée commerciale transatlantique est réalisée de Dakar à Natal (Brésil) par Jean Mermoz sur un hydravion Latécoère 28-3, « Comte de La Vaulx ». Les lignes aériennes s’étendent ensuite jusqu’à Buenos Aires et Santiago du Chili.

Latecoere Late 300 Croix du Sud au mouillage - Natal 31 Juillet 1934
Latecoere Late 300 Croix du Sud au mouillage à Natal le 31 Juillet 1934

L’exploit d’Henri Guillaumet

Le 13 juin 1930, alors qu’il traverse les Andes pour l’Aeropostale, Henri Guillaumet est pris dans une tempête de neige et son avion s’écrase près du lac Laguna Diamante située à une altitude de 3 250 m. En plein hiver austral, l’aviateur marche cinq jours durant avec l’espoir que l’on trouve son corps ; sans quoi sa femme ne toucherait la prime d’assurance qu’après quatre années. Lorsqu’Antoine vient le récupérer, Henri lui dit cette phrase transcrite dans Terre des hommes :

« Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »

Henri Guillaumet

Source du paragraphe : www.antoinedesaintexupery.com

Potez 25 Guillaumet dans les Andes - Licence CC
Potez 25 de Guillaumet dans les Andes – Creative Commons

Fin de l’Aeropostale et création d’Air France

Suite à la crise financière de 1929, l’Aeropostale est mise en liquidation judiciaire en 1931. En 1933, ses actifs sont repris par l’État français pour former la nouvelle compagnie Air France. 

Plusieurs décennies après cette épopée des lignes Latécoères, Toulouse va à nouveau se distinguer dans le domaine de l’aéronautique avec la construction du premier modèle du Concorde.

III- Toulouse, berceau du Concorde

Premier vol du Concorde à Toulouse

Lorsque l’on évoque l’histoire de l’aviation à Toulouse, il est impossible de passer à côté du Concorde, cet avion supersonique iconique qui a fait son premier vol le 2 Mars 1969 depuis l’aéroport Toulouse-Blagnac.

Premier-vol-Concorde-Toulouse-Photo-Andre-Cros-Archive-municipales-Toulouse
Premier vol du Concorde à Toulouse. Photo Andre Cros – Archive municipales Toulouse

Une coopération franco-britanique

Imaginé et conçu conjointement par les industriels aéronautiques français (Sud Aviation, devenu plus tard Aérospatiale puis Airbus) et britanniques (British Aircraft Corporation, devenu par la suite British Aerospace), le Concorde est le fruit d’une collaboration sans précédent, symbolisant l’excellence technologique des deux nations, et particulièrement de la ville de Toulouse, qui a hébergé sa construction.

Usine Sud Aviation Saint-Martin-du-Touch Concorde
Usine Sud Aviation à Saint-Martin-du-Touch. Photo Andre Cros – Archives municipales Toulouse

Paris – New-York en 3h30

Avec une vitesse de croisière de plus de deux fois la vitesse du son (environ 2 000 km/h), le Concorde pouvait parcourir Paris-New-York en trois heures. À son apogée, il pouvait réaliser jusqu’à deux allers-retours par jour entre ces deux villes.

Premier voyage d’Etat à bord d’un avion supersonique

Le 7 Mai 1971, c’est la première fois qu’un chef d’état utilise le Concorde pour un voyage officiel.

« Je suis frappé par la stabilité de l’appareil à plus de deux mille kilomètres à l’heure. Je ne m’en apercevrais même pas, tant le vol est calme, doux et silencieux, si je ne voyais pas les côtes de France au loin, qui défilent devant nous à une vitesse extraordinaire. À tout le personnel d’Aérospatiale, des ingénieurs aux techniciens et à tous les travailleurs, je voudrais dire, pour la joie qu’ils me donnent aujourd’hui, de tout cœur merci »

Georges Pompidou, à bord du Concorde.

Fin des opérations commerciales en 2003

Cependant, malgré sa performance et sa symbolique, le Concorde cesse ses opérations commerciales en 2003. L’accident tragique survenu en 2000 à Gonesse, les coûts d’exploitation élevés et les problèmes environnementaux liés au bruit supersonique mettent fin à cette aventure technologique unique. 

L’aventure industrielle du Concorde aura ouvert la voie à la création d’Airbus, l’un des plus grands fabricants d’avions au monde.

IV- Siège d’Airbus et d’autres grands industriels de l’aéronautique

1. L’épopée Airbus

Implantation du siège à Toulouse

Créé en 1970, Airbus est le fruit d’un projet audacieux de collaboration européenne entre la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne, visant à concurrencer les géants américains de l’industrie aéronautique. Le siège social de cette entreprise multinationale se trouve à Blagnac, près de Toulouse.

Photo vol Airbus Aeroport Blagnac
Photo de vol du site Lagardère d’Airbus et des pistes de l’Aéroport Toulouse-Blagnac

Premiers vols de l’A300B, premier modèle d’avion Airbus

Le site Lagardère d’Airbus à Toulouse et les pistes de l’Aéroport Toulouse-Blagnac illustrent le dynamisme et l’ampleur de cette industrie locale. C’est à partir de ces installations que les premiers avions d’Airbus ont pris leur envol, à commencer par l’Airbus A300B2, qui a effectué son premier vol commercial le 23 mai 1974.

Airbus A300B2 Premier vol commercial - Mike Freer
Airbus A300B2 – Premier vol commercial. Par Mike Freer

Premier vol de l’A380

Le 27 avril 2005, Toulouse est une nouvelle fois au centre de l’attention mondiale avec le premier vol de l’A380, le plus grand avion de ligne jamais construit. Capable de transporter plus de 800 passagers sur deux ponts, l’A380 est un chef-d’œuvre de l’ingénierie moderne et un symbole de la puissance et du dynamisme de l’industrie aéronautique européenne.

Airbus A380 Vol Essai Toulouse
Premier vol d’essai de l’Airbus A380 MSN1 à Toulouse. © KETA

Cependant, le paysage aéronautique de Toulouse ne se limite pas à Airbus. La ville accueille en effet le siège de nombreux autres acteurs majeurs de cette industrie.

2. Développement d’autres grands groupes aéronautiques

Thalès, un géant mondial de l’aérospatiale, de la défense et de la sécurité, a installé une partie significative de ses activités à Toulouse. ATR, un constructeur d’avions régionaux établi en 1981, a également choisi la ville pour son siège. Safran, une entreprise internationale de haute technologie, a aussi implanté d’importants sites dans la région.

Et bien sûr, le Groupe Latécoère, héritier direct des Lignes Aériennes Latécoère de Pierre-Georges Latécoère, continue à perpétuer l’esprit pionnier de l’aviation à Toulouse.

Au-delà de l’industrie aéronautique, Toulouse est également un centre d’excellence dans le domaine spatial. 

V- Toulouse, place forte de l’industrie spatiale

Trois acteurs majeurs du secteur ont ainsi choisi la ville pour y installer leurs activités principales, renforçant ainsi son statut de « Cité de l’Espace ».

Le CNES

Le CNES (Centre National d’Études Spatiales), qui est l’agence spatiale gouvernementale française, est très bien implantée à Toulouse, bien que son siège social soit à Paris. Créé en 1961 à l’initiative du président Charles de Gaulle, le CNES conçoit et met en œuvre la politique spatiale de la France dans un contexte international. Il intervient dans cinq domaines majeurs : les sciences de l’Univers, la surveillance de l’environnement et du climat, les télécommunications, la défense et la sécurité, et l’accès à l’espace.

Entrée du CNES à Toulouse - Par Gyrostat
Entrée du CNES à Toulouse – © Gyrostat

Airbus Defense and Space

Airbus Defense and Space, une division du groupe Airbus, est également bien représentée à Toulouse, bien que son siège depuis sa création en 2014 soit en Allemagne. Cette branche du constructeur aéronautique est spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication de satellites, de systèmes de lancement et d’équipements spatiaux. C’est l’un des principaux fournisseurs mondiaux de satellites de télécommunications, d’observation de la Terre et de sciences de l’Univers.

Thales Alenia Space

Thales Alenia Space, une coentreprise entre Thales et Leonardo (industriel italien), présente un site important à Toulouse. Cette entreprise, basée initiallement à Cannes, est un des leaders mondiaux dans les domaines des satellites, des solutions pour l’exploration spatiale, de l’observation de la Terre, et de la navigation par satellite.

Ces trois entités, parmi d’autres, ont permis à Toulouse de devenir une véritable capitale européenne du spatial, contribuant ainsi à l’essor économique de la région et au renforcement de la position de la France dans le secteur spatial mondial. Mais cela n’aurait pas été possible sans un solide réseau d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

VI- Excellence de la formation aéronautique et spatiale 

ENAC

L’ENAC, ou École Nationale de l’Aviation Civile, est l’un des piliers de cet écosystème éducatif. Fondée en 1949, elle est la seule école en Europe à offrir une gamme si complète et spécialisée de formations dans le domaine de l’aéronautique. L’ENAC a formé nombre de contrôleurs aériens, de pilotes, d’ingénieurs, techniciens, mais aussi de dirigeants d’entreprises du secteur aéronautique.

ENAC Toulouse
Entrée du campus de l’ENAC à Toulouse

SUPAERO

L’ISAE-SUPAERO, créée en 1909, est une autre institution phare. Elle est considérée comme l’une des meilleures écoles d’ingénieurs en aéronautique au monde. Les diplômés de SUPAERO ont joué un rôle clé dans de nombreux projets, allant de la conception du Concorde à la mission Mars Rover de la NASA. De nombreux dirigeants d’Airbus, Thales Alenia Space et Safran sont d’ailleurs issus de cette école.

Parmi les anciens élèves de SUPAERO, on compte également Thomas Pesquet, le plus célèbre astronaute français, qui a passé six mois à bord de la Station spatiale internationale en 2016.

Conclusion

Dès les premiers vols de Clément Ader, en passant par la création des Lignes Latécoère, et le lancement du Concorde, jusqu’à l’essor d’Airbus et la réalisation d’avions mythiques comme l’A380, Toulouse a toujours été au cœur des avancées majeures dans ces domaines.

Grâce à sa concentration unique de formation, de recherche et d’industrie, Toulouse a pu devenir la capitale européenne de l’aéronautique et de l’espace, attirant des talents du monde entier et contribuant sans cesse à repousser les limites de ce qui est possible.

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