✈️Départ de Calvi direction Ajaccio, ville de naissance d’un des plus grands empereurs de l’histoire 🌟.
Comment Napoléon Bonaparte a-t-il gravi les échelons militaires ? Comment a-t-il profité de la Révolution de 1789 pour gagner en légitimité politique ? Quelles sont les deux campagnes qui ont forgé sa réputation de génie militaire dans l’Europe entière ? Comment a-t-il pris le pouvoir en 1799 ? Comment a-t-il réorganisé la France en tant que Premier Consul ? Comment est-il devenu Empereur des Français ?
Temps de lecture : environ 30 minutes.
Introduction
Je consacre un article assez complet ici sur l’ascension de Napoléon car je trouve son parcours passionnant. Un autre article sera dédié à la France sous l’Empire, et un troisième article présentera sa chute brutale.
Evidemment le but n’est pas de glorifier Napoléon et de négliger ses zones d’ombres. Il reste néanmoins un des plus grands Empereurs de l’Histoire et un bâtisseur de la France.
« Il faut en convenir les véritables vérités sont bien difficiles à obtenir pour l’histoire. Heureusement que la plupart du temps elle sont bien plutôt un objet de curiosité que de réelle importance »
Napoléon Bonaparte, dans son Mémorial de Saint-Hélène
Le Mémorial de Sainte-Hélène est un journal qui retrace les Mémoires de Napoléon, rédigé par Emmanuel de Las Cases qui a vécu en exil avec Bonaparte sur l’île de Sainte-Hélène.
Bonne lecture !
Frise chronologique – Napoléon Bonaparte : de sa naissance à Empereur des Français
I- Naissance et enfance
1. La Corse : île natale
Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio, en Corse, moins d’un an après que l’île fut cédée à la France par la République de Gênes. C’est le roi Louis XV qui achète l’île. A quelques mois près Napoléon aurait donc pu ne pas naître français !
D’ailleurs le 15 Août… Jour férié en France. Mais la raison est à priori religieuse (assomption Chrétienne) ; la date d’anniversaire de Napoléon n’est donc qu’une simple coïncidence.
Son adresse de naissance : Rue de la mauvaise herbe ! Comme quoi, tout est possible 😉
2. Les Bonaparte : une famille nombreuse
Il est issu d’une famille noble d’origine italienne, les Buonaparte, qui a adopté le nom francisé de Bonaparte. Son père, Carlo Bonaparte, était avocat au Conseil Supérieur de Corse et sa mère, Letizia Ramolino, était issue d’une famille de la petite noblesse.
Napoléon était le deuxième de huit enfants, qui ont tous joué des rôles importants durant son règne : son frère Joseph fut roi de Naples puis roi d’Espagne, Lucien aida Napoléon lors de son coup d’état du 18 brumaire, Elisa fut grande-duchesse de Toscane, Louis fut roi de Hollande, Pauline fut princesse et duchesse consort de Guastalla (ancien Etat de la péninsule italienne avec la ville de Guastalla – située à côté de Parmes – pour capitale), Caroline fut reine consort du Royaume de Naples, et Jérôme fut roi de Westphalie (région historique à l’Ouest de l’Allemagne).
3. Le début de ses études en France
En 1777, son père Charles est élu député aux États de Corse et est reçu par Louis XVI à Versailles, où il réussit à obtenir une bourse pour que Napoléon puisse entrer à l’école militaire (qui était réservée aux enfants de la noblesse française).
Les deux fils Bonaparte, Joseph et Napoléon, arrivent en France en décembre 1778 et sont inscrits au collège d’Autun en Bourgogne.
Après un peu plus de trois mois à Autun, Napoléon âgé de neuf ans part pour l’école militaire de Brienne, une séparation douloureuse d’avec son frère.
II- Écoles militaires
1- Ecole royale militaire de Brienne (1779-1784)
Napoléon Bonaparte est admis à l’Ecole royale militaire de Brienne en Mai 1779, à l’âge de 9 ans.
Des débuts difficiles
Il n’est pas particulièrement bien accueilli par ses camarades ; beaucoup le considérant comme un étranger en raison de son accent corse prononcé et se moquant de sa petite taille. De plus, sa famille n’étant pas aussi riche, il n’avait pas les moyens de mener le même style de vie que la plupart des autres élèves. Habitué à faire partie des hautes sphères de la société corse, il se retrouve citoyen de seconde classe en France.
Un élève brillant
Malgré ces défis, Napoléon se distingue par son intelligence, son intérêt pour l’histoire et la géographie, et son aptitude exceptionnelle pour les mathématiques. Il est connu pour son caractère solitaire, préférant souvent passer son temps à lire plutôt qu’à participer à des jeux avec ses camarades.
Une fascination pour la stratégie militaire
Dès son plus jeune âge, Napoléon présente une fascination pour la stratégie militaire. Il passe beaucoup de temps à organiser et à participer à des jeux de guerre simulés, se plaçant souvent dans le rôle de leader – notamment lors des batailles de boules de neige !
« Napoléon ne descendait de personne et il a su créer sa propre légende. Son énergie hors du commun, son intelligence supérieure et son esprit rebelle lui permirent de conduire sa Nation d’adoption vers une gloire sans précédent ».
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Au bout de cinq ans à Brienne, Napoléon est accepté à l’Ecole militaire de Paris en 1784, où il continue ses études militaires.
2- Ecole militaire supérieure de Paris (1784-1785)
En Octobre 1784, Napoléon rentre à l’Ecole militaire supérieure de Paris, à l’âge de 15 ans.
Un élève studieux et déterminé
Tout comme à Brienne, Napoléon reste relativement isolé de ses camarades à Paris. Il était déterminé, studieux, et devient un lecteur acharné : biographies d’anciens chefs de guerre, Histoire, philosophie – notamment les théories de Rousseau sur le droit social.
Une formation courte mais intense
Son séjour à Paris fut court mais intense. Initialement, le programme de l’école devait durer deux ans, mais en raison de la mort de son père en 1785, Napoléon le termine en un an afin de pouvoir obtenir une commission dans l’armée et soutenir sa famille.
Avant de rentrer en Corse, il est nommé sous-lieutenant d’artillerie dans le régiment de La Fère, à l’âge de 16 ans.
Pendant ce temps la monarchie française s’effondre, l’Etat est en faillite…
III- Frise chronologique – De la prise de la Bastille au couronnement de Napoléon Ier
Avant de passer à la suite, voici une frise chronologique qui présente les événements présentés ci-après :
IV- Révolution de 1789
1. Convocation des états généraux
Le 8 Août 1788 le roi Louis XVI convoque les états généraux. Toutefois, ces derniers ne se réunissent véritablement que le 5 mai 1789, marquant un tournant majeur dans l’histoire de la nation. Les États généraux étaient composés de trois « états » ou classes : le clergé, la noblesse et le tiers-état (qui comprenait tous les autres, soit la grande majorité de la population).
La réunion de 1789 aboutit à une impasse politique et conduit la France droit vers la Révolution.
2. Prise de la Bastille
La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 symbolise le commencement de la Révolution française. Ce jour-là, une foule de Parisiens prend d’assaut cette forteresse, représentant l’autorité royale. Cet événement marque l’émergence du peuple français comme une force puissante capable de remettre en question et de transformer l’ordre établi.
3. Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
En Août 1789, l’Assemblée Nationale adopte la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, posant les principes fondamentaux de la démocratie en France. Les droits féodaux et les privilèges de l’aristocratie sont abolis, le roi Louis XVI et sa famille sont arrêtés lors de leur fameuse fuite Varennes, et la constitution de 1791 établit une monarchie constitutionnelle.
4. Radicalisation de la Révolution
Naissance de la République
En 1792 la révolution se radicalise, et le 21 Septembre l’Assemblée Nationale – devenue la Convention – proclame l’abolition de la monarchie constitutionnelle et la naissance de la République.
Exécution de Louis XVI
Quelques mois plus tard, le 21 Janvier 1793, Louis XVI est exécuté, mettant fin à plus de mille ans de monarchie en France.
Début de la Terreur
Cette exécution marque le début du règne de la Terreur mené par Robespierre pour « purger la nation des personnes susceptibles de travailler contre la République ». Les monarchies européennes sont terrorisées, elles s’allient pour assiéger la France et restaurer la dynastie des Bourbons.
L’instabilité politique et le chaos qui frappent la France sont une aubaine pour Napoléon qui verra sa carrière militaire puis politique décoller. Le premier événement catalyseur est le siège de Toulon en 1793.
V- Résistance des royalistes
1. Siège de Toulon (1793)
L’insurrection royaliste soutenue par l’Angleterre
En 1793 une insurrection royaliste soutenue par les forces britanniques éclate à Toulon, une ville portuaire importante sur la côte méditerranéenne de la France. Les royalistes, opposés au gouvernement révolutionnaire, avaient invité les britanniques (qui s’opposent à la révolution française, comme toutes les monarchies européennes) à occuper la ville pour la protéger des républicains.
Retour de la famille Bonaparte sur le continent
Pendant ce temps là, le jeune Bonaparte – qui était rentré en Corse huit ans plus tôt suite au décés de son père – est contraint de fuir son île natale avec sa famille, suite à la montée des tensions politiques entre les indépendantistes corses et les partisans de la Corse française.
Napoléon prend le commandement des forces républicaines
Fraîchement arrivé en France, Napoléon – alors capitaine d’artillerie – est assigné à l’armée républicaine qui assiège Toulon. Il identifie rapidement une faiblesse dans les défenses de l’ennemi (le fort de l’Éguillette et le fort de Balaguier, deux points stratégiques qui contrôlent l’accès au port de Toulon) et convainc les commandants républicains de concentrer leurs efforts sur ces forts.
Le 17 Décembre 1793, après plusieurs semaines d’attaques incessantes, les forces républicaines, guidées par les plans stratégiques de Napoléon, reprennent le contrôle des deux forts ; ils sont alors en mesure de bombarder la flotte britannique dans le port.
Les Anglais se retirent
Le 19 Décembre 1793, les britanniques se retirent et Toulon est reprise par les républicains. Bonaparte est promu au grade de général de brigade à l’âge de 24 ans, propulsant sa carrière militaire et politique.
2. Renversement de Robespierre
Malgré la victoire militaire des républicains lors du siège de Toulon, la situation reste très instable en France. Robespierre – qui était devenu le leader de la révolution et avait installé la période de la Terreur – est renversé en Juillet 1794. Bonaparte – alors ami des Jacobins et de Robespierre – est arrêté puis emprisonné à Nice. Il sera finalement libéré et transféré à Paris.
3. Insurrection royaliste de 1795
Instauration du Directoire
Le nouveau gouvernement met en place le Directoire : cinq directeurs à la tête de l’état (pour ne pas reproduire un seul directeur comme sous la terreur avec Robespierre) + deux conseils (le conseil des anciens et le conseil des 500 ; des députés qui vont instituer les lois).
Ce nouveau changement politique est l’étincelle qui embrase la révolte des royalistes qui souhaitent restaurer la monarchie. En prévention d’une possible insurrection, Paul Barras – personnage clé du Directoire – choisit Napoléon Bonaparte pour défendre ce nouveau gouvernement.
Ecrasement de l’insurrection
Napoléon agit rapidement et de manière décisive ; il rassemble des troupes et des canons pour défendre les rues autour de la Convention. Sa stratégie est simple : charger les canons avec de multiples projectiles pour maximiser les dégâts sur les rangs ennemis.
Le 5 Octobre, lorsque les royalistes tentent d’attaquer, Bonaparte donne l’ordre de tirer. Les tirs à mitraille balayent les rangs royalistes, mettant fin à la rébellion en quelques heures. Cet épisode du 13 Vendémiaire restera dans les mémoires de part le célèbre « coup de canon » de Bonaparte.
Victoire des républicains
La victoire du jeune général sauve le Directoire et consolide la République. Surnommé le général Vendémiaire, il est promu au poste de Commandant en Chef de l’Armée de l’Intérieur, ce qui renforce sa position et son influence au sein du gouvernement.
Napoléon Bonaparte fait alors partie de la haute société parisienne. Il rencontre Joséphine de Beauharnais et tombe sous son charme. Deux jours avant son départ pour l’Italie, il se marie avec elle, mais le coeur de la belle créole lui échappera à jamais.
VI- Campagne d’Italie (1796-1797)
Lorsque Napoléon prend le commandement de l’armée de réserve en 1796, celle-ci est mal équipée, mal nourrie et démoralisée. Les autrichiens et leurs alliés – les royaumes italiens – contrôlent la plupart de la péninsule italienne. La mission de Napoléon est d’envahir les plaines de Lombardie pour repousser l’armée autrichienne et reprendre le contrôle de l’Italie.
« Soldats, vous êtes nus et mal nourris. Le gouvernement vous doit beaucoup et il ne peut rien vous donner. Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde ; de riches provinces, de grandes villes seront en votre pouvoir; vous y trouverez honneur, gloire et richesse ».
Le Général Bonaparte s’adressant à ses hommes
1. Série de victoires
L’une des premières et plus remarquables victoires de Napoléon est la bataille de Montenotte en avril 1796, où il réussit à diviser et vaincre les forces austro-sardes. Cette victoire inaugure une série de succès pour l’armée française, avec les victoires de Lodi, Arcole et Rivoli. La bataille de Rivoli les 14 et 15 Janvier 1797 met particulièrement en évidence le génie militaire de Napoléon, qui réussit à vaincre une armée autrichienne beaucoup plus fournie.
2. Armistice à l’avantage de la France
Bonaparte accepte l’armistice proposé par le roi de Sardaigne et signe le traité de Campo Formio avec l’Autriche en Octobre 1797. Selon les termes de ce traité, l’Autriche cède la Belgique à la France et reconnaît l’existence de la République Cisalpine, une république sœur de la France établie par Napoléon dans le nord de l’Italie.
« Nous avons noyé la honte de la Révolution dans les flots de la gloire »
Déclaration de Napoléon après la victoire contre les Autrichiens
3. Réorganisation de l’Italie
Moins de six mois plus tard, toute l’Europe est sous le choc devant les victoires que Napoléon a remportées. Il établit une multitude de petites républiques en Italie et se présente comme l’un des fondateurs de l’unité italienne. Des trains ramènent les butins de guerre (or, argent, bijoux, armes) à travers les Alpes vers Paris.
« Peuple d’Italie, l’armée française vient rompre vos chaînes. La nation française est amie de toutes les nations. Venez en confiance au devant d’elle. Vos propriétés, votre religion et vos coutumes seront respectées. Nous nous montrerons des ennemis généreux. Nous n’en avons qu’après les tyrans qui vous ont asservis ».
Napoléon Bonaparte s’adressant au peuple italien à l’issue de la première campagne d’Italie
4. Popularité grandissante en France
Napoléon, maître de la propagande
Un des génies de Napoléon est de cultiver ses victoires. Il vante ses mérites à travers des rapports et des dépêches qu’il écrit lui-même. Ces papiers deviendront les bulletins de la Grande Armée, grâce auxquels il écrira sa propre légende.
Reconnaissance du gouvernement français et approbation du peuple
A l’issue de cette campagne d’Italie victorieuse, la première coalition (Autrichiens, Russes et Anglais) éclate, et le prestige de Napoléon augmente considérablement. Ses victoires ont démontré son habileté en tant que commandant et stratège, gagnant le respect de ses troupes, la reconnaissance du gouvernement français, et l’approbation du peuple. Il ne faut jamais oublier que Napoléon est constamment dans l’obligation de justifier sa prise de pouvoir auprès du peuple à travers ses victoires militaires et l’assainissement de la France. Sa popularité croissante jette les bases de sa future ascension au pouvoir.
VII- Campagne d’Égypte (1798-1799)
A son retour d’Italie, le commandant en chef reçoit un accueil triomphal. Un banquet est organisé dans la grande galerie du Louvre. Le Directoire le remercie de ses exploits mais se méfie aussi de lui. Il est placé sous surveillance, et le gouvernement s’arrange pour l’envoyer de nouveau en mission et l’éloigner des affaires politiques en France.
1. Volonté d’affaiblir l’Angleterre
Napoléon propose alors d’affaiblir l’Angleterre en s’emparant de l’Egypte. A l’époque, les anglais suivent toujours le parcours le plus long, en passant par l’Afrique du sud. Bonaparte veut raccourcir la route des Indes pour les français, en passant par l’Egypte.
L’Angleterre tient le commerce mondial et est la banque de l’Europe : elle détient le crédit avec lequel elle prête de l’argent à tous les états européens. La France s’oppose à cela. Aussi bien la France royale depuis Louis XIV que la France de Napoléon. L’Angleterre est le grand ennemi à abattre depuis plusieurs siècles.
2. Traversée de la Méditerranée
Au mois de Mai 1798 c’est plus de 30000 soldats mais également des savants, des mathématiciens, des dessinateurs, qui traversent la Méditerranée.
Escale à Malte
Le convoi fait escale à Malte, une île d’importance stratégique. Napoléon y établit d’ailleurs un gouvernement provisoire, confisque les trésors et les stocks d’armes, avant de faire route vers Alexandrie.
L’Egypte, sous le contrôle des Mamelouks et des Turcs
A la fin du XVIIIème siècle, l’Egypte appartient à l’empire Ottoman (les Turcs), mais elle est gouvernée par les Mamelouks – une caste guerrière d’anciens esclaves qui ont renversé le Sultan egyptien au XIIe siècle. Il tente d’expliquer aux Egyptiens que la France est un allié de l’empire Ottoman qui vient les libérer de l’oppression des Mamelouks. Cela est en partie vrai ; Talleyrand – le ministre des relations extérieures – accepte de rendre visite au Sultan Ottoman pour l’informer de ce projet. Mais ce que Bonaparte ignore, c’est que Talleyrand ne fera jamais ce voyage. Napoléon pensait avoir à combattre qu’un seul ennemi – les Mamelouks – mais il sera aussi confronté aux turcs.
3. Bataille des Pyramides
Le 21 Juillet 1798 a lieu la première grande bataille de la campagne d’Egypte : la bataille des Pyramides, près du Caire. Napoléon remporte une victoire décisive contre les Mamelouks.
Malgré cette première victoire, les problèmes s’accumulent rapidement pour Napoléon et ses soldats. La flotte française, ancrée dans la baie d’Aboukir, est attaquée et largement détruite par la flotte britannique sous le commandement de l’Amiral Horatio Nelson lors de la bataille du Nil en Août 1798. Cela coupe la ligne d’approvisionnement des troupes française avec la France et les isole encore plus en Egypte.
4. Embrasement de la région
La Turquie entre en guerre
Sur le plan diplomatique, la politique expansionniste de Bonaparte force la Turquie à déclarer la guerre à la France. Les relations d’amitié avec l’empire Ottoman qui durent depuis plusieurs siècles (troisième plus longue alliance de la France, après l’alliance avec l’Ecosse et celle avec le Portugal), prennent fin.
La meilleure défense, c’est l’attaque !
Avec le soutien de la Russie et de l’Angleterre, l’armée turque s’apprête à envahir l’Egypte pour chasser les Français. Fidèle à sa stratégie d’attaquer le premier, Bonaparte décide de détourner les turcs vers la Syrie avant qu’ils ne puissent rallier l’armée égyptienne et que les russes et les anglais ne débarquent en trop grand nombre.
Bataille de Jaffa
L’armée française enchaîne les victoires, notamment lors de la bataille de Jaffa en Mars 1799. Cette bataille reste tristement célèbre pour le massacre qui a suivi. En représailles à la résistance de la ville, les troupes françaises ont massacré un grand nombre de ses défenseurs, même après qu’ils se soient rendus. Cet événement reste l’une des actions les plus controversées de la campagne égyptienne de Napoléon.
5. Recul de l’armée française
Siège de Saint-Jean d’Acre
La série de victoires françaises s’achève le 21 Mai 1799 à l’issue du siège de Saint-Jean-d’Acre (forteresse célèbre pour avoir été conquise pendant les Croisades par Richard Coeur de Lion), qui fut bien défendue par les troupes anglaises. Cette première grande défaite militaire de Napoléon affecte son image d’invincibilité.
Peste bubonique
De plus, les troupes françaises sont diminuées par la peste bubonique. Napoléon visite lui-même les hôpitaux pour réconforter ses soldats malades ; une scène rendue célèbre par le tableau « Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa » d’Antoine-Jean Gros.
6. Retraite française
La départ anticipé de Napoléon
Sentant le vent tourner en sa défaveur et inquiet pour la survie politique de la révolution en France, Napoléon quitte l’Egypte en août 1799 laissant tout de même une garnison derrière lui pour maintenir une présence française au Caire. Il estime avoir été piégé par le gouvernement qui l’aurait éloigné volontairement du pouvoir.
L’évacuation finale
Le commandement des opérations revient au général Kléber, mais sans le leadership de Bonaparte et face à la pression constante des forces ottomanes et britanniques, la position française en Egypte s’affaiblit progressivement jusqu’à l’évacuation finale en 1801.
A son retour d’Egypte, la République est en crise et Bonaparte va se révéler comme son sauveur.
VIII- De Consul à Empereur des Français
1. Contexte politique et économique favorable à Napoléon
La Révolution vacille
En 1799, la France est dans une situation politique et économique précaire. Le Directoire est impopulaire, incapable de résoudre les crises financières et alimentaires, et menacé par les royalistes d’un côté et les Jacobins de l’autre. La révolution française avait apporté la liberté et l’égalité, mais elle avait également apporté l’instabilité, la violence et l’épuisement de la guerre civile. Beaucoup de français souhaitent le retour d’un pouvoir fort et de la stabilité.
La popularité de Napoléon est maximale
Malgré le résultat globalement infructueux de la campagne d’Egypte pour la France, Bonaparte a su tirer parti de cette aventure pour renforcer sa position en France. À son retour, il parvient à cacher l’étendue de ses défaites. Il possède tous les éléments pour prendre le pouvoir : une grande influence politique, une force militaire incontestée et une grande fortune.
2. Coup d’Etat de 1799
Napoléon proclamé Premier Consul
Le 9 Novembre (ou 18 Brumaire) 1799, Napoléon réalise un Coup d’État profitant de sa popularité et de sa gloire militaire pour assurer son élection au titre de Premier Consul. Jean-Jacques-Régis de Cambacérès et Charles-François Lebrun – les deux autres consuls – sont rapidement écartés par Napoléon qui s’impose comme le seul dirigeant de la France.
« Dix ans de rébellion, de coup d’Etat et d’oppression ont entraîné chez la population un désir profond de paix et de sécurité. La France sacrifie la liberté et la démocratie connues un court instant, pour le pouvoir d’un homme qui a tous les pouvoirs et tient fermement les rênes du gouvernement ».
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Des défis immenses à relever
Les défis à relever par Napoléon sont gigantesques : protéger la France de l’invasion de la deuxième coalition – formée principalement par la Grande-Bretagne, l’Autriche et la Russie, assainir les finances du pays qui est au bord de la faillite et réorganiser la vie des français qui réclament paix et stabilité.
3. Deuxième campagne d’Italie
Proposition de paix rejetée
Bonaparte propose la paix au roi de Grande Bretagne et à l’Empereur d’Allemagne.
« La guerre qui depuis huit ans ravage les quatre parties du monde doit-elle être éternelle ? N’est-il aucun moyen de s’entendre ? Comment les deux nations les plus éclairées de l’Europe, puissantes et fortes – plus que ne l’exige leur sureté et leur indépendance – peut-elle sacrifier à des idées de vaines grandeurs le bien du commerce, la prospérité intérieure, le bonheur des familles ? Comment ne sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins comme la première des gloires ? «
Extrait de la lettre de Bonaparte au roi d’Angleterre.
La France et l’Angleterre ne parviennent pas à se mettre d’accord. Les anglais réclament le retour de la France à ses anciennes frontières et le retour du dirigeant Bourbon (Louis XVIII, frère de Louis XVI) – proposition inacceptable pour Napoléon.
Traversée du Grand Saint-Bernard
En 1800, la priorité est de protéger la France contre l’invasion, les Autrichiens prévoyant d’envahir l’Italie et d’attaquer la France par le sud.
Bonaparte recrute alors 40000 hommes qui constituent l’Armée de Réserve. A la tête de cette armée, Napoléon traverse les Alpes par le col du Grand Saint-Bernard du 15 au 20 Mai 1800 et va défier les Autrichiens dans le Piémont italien.
Pour en savoir plus sur la traversée du Grand Saint-Bernard : L’itinéraire audacieux de Napoléon : traversée du Grand Saint-Bernard.
Bataille de Marengo
Le 14 Juin 1800, l’armée française défait les Autrichiens lors de la bataille de Marengo.
Traité de Lunéville
Cette victoire de la France permet des négociations avec l’Autriche qui aboutissent à la signature du traité de Lunéville en Février 1801. Ce traité consolide les gains territoriaux de la France en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas. Il marque la fin de la participation de l’Autriche à la deuxième coalition et ouvre la voie à la paix temporaire avec la Grande-Bretagne à l’issue du traité d’Amiens en 1802. Cette paix – bien que de courte durée – apporte un répit bien nécessaire à la France et permet à Napoléon de réorganiser le pays de l’intérieur.
4. Réorganisation de la France
Le volet financier
Napoléon assainit les finances en créant la Banque de France en 1800 pour stabiliser et réguler l’économie française. Il crée aussi la Cour des Comptes et la Bourse de Paris. Il introduit le Franc Germinal, une nouvelle monnaie stable qui aide à mettre fin à l’instabilité monétaire qui avait affligé la France pendant la Révolution. Fixé en fonction de l’or et de l’argent, le Franc Germinal conservera sa valeur jusqu’en 1914.
Le volet législatif
Napoléon supervise la création du Code Civil en 1804, aussi connu sous le nom de Code Napoléon, qui codifie les lois françaises en un seul document. Toute la situation des français (droit des personnes, famille, propriété, transmission des biens, élaboration des contrats) est régularisée. Le Code Civil remplace l’ancien système juridique fragmenté et souvent contradictoire hérité de l’Ancien Régime, créant ainsi un système de droit civil uniforme – basé sur la méritocratie et non le droit du sang – qui influence profondément le droit en Europe et dans le monde. Napoléon crée également le code pénal et les préfets – chargés de faire appliquer la loi partout en France et agents de la centralisation du pouvoir – nommés par le premier consul. Ce corps préfectoral existe encore de nos jours sous des formes quasi-similaires.
La politique intérieure
Napoléon met fin à la guerre civile en France par le biais du Concordat de 1801 – un accord avec le pape Pie VII qui réconcilie l’Église catholique et l’État français. Cet accord reconnaît le catholicisme comme la religion de la majorité des français, mais assure tout de même la liberté religieuse. Cela apaise une grande partie de la population catholique de France, qui avait été aliénée par les mesures anti-religieuses de la Révolution. Enfin, il réprime avec fermeté les insurgés royalistes et républicains, assurant ainsi une paix relative sur le territoire national.
La politique étrangère
En politique étrangère, Napoléon signe le traité de Lunéville avec l’Autriche en 1801 et conclut le traité d’Amiens avec le Royaume-Uni en 1802, mettant fin provisoirement aux hostilités en Europe.
L’éducation
Sur le plan de l’éducation, Bonaparte crée les Lycées (le Lycée Condorcet notamment), et l’Ecole Polytechnique.
L’aménagement du territoire
Napoléon lance un vaste programme de travaux : construction de routes, de canaux, de ports, d’arcs de triomphe à la gloire des soldats de sa grande armée. Il aménage Paris : perce la rue de Rivoli, embellit le jardin du Luxembourg et le cimetière du père Lachaise, crée le jardin des plantes, de nombreuses fontaines, le palais Brongniart, l’église de la Madeleine, le canal de l’Ourcq, de Saint-Martin et de Saint-Denis, ou encore le pont des arts.
Création de la Légion d’honneur
Pour récompenser les français, Bonaparte crée la Légion d’honneur.
« Les français ne sont pas changés par dix ans de révolution et n’ont qu’un sentiment : l’honneur. Il faut donner un aliment à ce sentiment ; il leur faut des distinctions ».
Napoléon Bonaparte
La conséquence de tous ces grands changements est l’instauration de la paix et de la stabilité. La population – dans son ensemble – est satisfaite de posséder des lois cohérentes, un traitement équitable, et la possibilité d’être récompensé pour son excellence.
5. Renforcement du pouvoir
Tentative d’assassinat déjouée
Malgré cette popularité grandissante, Napoléon n’est pas à l’abri d’une conspiration royaliste, comme la tentative d’assassinat manquée le 24 Décembre 1800 au passage de son carosse. Habile communiquant, il exploite d’ailleurs cet attentat monté contre lui pour rallier l’opinion public à sa volonté d’être le chef suprême d’une nouvelle monarchie héréditaire.
Election au titre de Consul à vie
Profitant de sa popularité grandissante, Napoléon se fait élire Consul à vie par un plébiscite le 2 Août 1802, renforçant davantage son emprise sur le pouvoir.
6. Napoléon Ier : Empereur des Français
Couronnement de Napoléon
Le 18 Mai 1804 Napoléon est proclamé Empereur des Français. Le 2 décembre 1804, il se couronne lui-même empereur lors d’une cérémonie fastueuse à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
« Ironie de l’histoire : la France se tourne vers un empereur pour protéger sa révolution ».
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Les symboles de l’Empire
Les symboles choisis par Napoléon Ier (en maître du faste et de la propagande) sont :
– l’aigle ; qui le relie aux grands Empereurs du passé (Charlemagne et César)
– les abeilles ; qui rappellent les Mérovingiens
– la main de la justice ; qui rappelle les Capétiens
Création d’une nouvelle dynastie
Il porte la lignée des Bonapartes à la hauteur d’une quatrième dynastie, après celle des Mérovingiens (450-751), des Carolingiens (751-987), et des Capétiens (987-1792, 1814-1848).
« Une fois sa puissance établie, Napoléon se construisit un personnage sur le modèle de César ; homme d’Etat et général romain. A cause de cela, il fut considéré comme un libérateur et un tyran, un héro et un criminel ».
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Héritier des rois de France et de la Révolution
Napoléon manifestait à la fois être l’héritier des rois de France comme l’héritier de la Révolution française et de la démocratie. Sur les papiers officiels, il signait « par la grâce de Dieu et la volonté des Français ».
Conclusion
La trajectoire de Napoléon Bonaparte est aussi fascinante que complexe. Né en Corse, son éducation militaire lui a permis de développer des compétences stratégiques exceptionnelles qui ont été essentielles pour sa carrière ultérieure. Son passage à travers l’Ecole royale militaire de Brienne et l’Ecole militaire supérieure de Paris ont formé les bases de ses compétences militaires.
Sa carrière a pris un tournant décisif pendant la Révolution française, où ses exploits militaires ont commencé à attirer l’attention. Son rôle dans le siège de Toulon, l’insurrection royaliste de 1795, et les campagnes d’Italie et d’Égypte ont consolidé sa réputation de général brillant et audacieux, lui permettant d’accumuler du pouvoir et de l’influence.
C’est le Coup d’État de 1799 qui a marqué le début de sa domination politique, lui permettant de devenir Consul puis, quelques années plus tard, Empereur des Français. Son habileté à naviguer dans l’environnement politique turbulent de la fin du 18ème siècle en France a été cruciale pour son ascension au pouvoir.
Tout au long de son parcours, Napoléon Bonaparte a démontré un mélange unique de talent militaire, d’ambition personnelle et d’aptitude politique qui a conduit à son émergence comme l’un des dirigeants les plus influents de l’Histoire. Son héritage perdure jusqu’à ce jour, et sa montée au pouvoir reste un sujet d’étude incontournable pour comprendre l’Histoire de la France et de l’Europe.
Quiz
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